Le monde endormi
Le monde endormi. C'était ainsi qu'elle l'appelait.
Un matin, elle s'était réveillée et n'avait trouvé personne. Ils dormaient. Tous. Leur vie s'était interrompue mais la sienne continuait, encore et encore, interminablement. Elle vivait maintenant depuis tellement longtemps qu'elle ne se souvenait plus d'aucun matin avant celui où l'humanité avait fermé pour toujours ses yeux sur la lumière.
Depuis plusieurs années, sa vie était devenue particulièrement insupportable, à cause de cette odeur. Une odeur de mort, de chair putréfiée et de corps en décomposition. Cependant, sa mémoire lui disait qu'il n'en avait pas toujours été ainsi. Quand elle visitait les villes, ses habitants dormaient. Leur poitrine se soulevait doucement au rythme de leur respiration.
Elle rentra dans une maison, et s'approcha d'un homme endormi sur son canapé. Elle prit sa main et, le pressant légèrement, dit :"Monsieur ! Allez, monsieur, réveille-toi !". Elle serra la main un peu plus fort. Un doigt tomba, le peu de chair décomposé qui y restait encore se détacha de l'os. L'horreur et le dégoût. Elle regarda alors fixement la poitrine de l'homme. Oui, elle se soulevait. Il respirait donc. Elle n'entendait pas son souffle mais il vivait forcément: sa poitrine se soulevait ! Elle en était certaine! Il fallait qu'elle y croit, elle n'avait pas d'autre choix que d'y croire. Sinon, ce serait trop horrible ; elle deviendrait folle. Si son monde endormi était mort... cela signifierait... personne ne se réveillerait jamais... elle serait alors...
Mais pourquoi s'en faire? Pourquoi penser ce genre d'horreur, puisqu'il respirait encore? Le sommeil devait apporter aux endormis tout ce dont leur corps avait besoin pour survivre, telle était la seule explication.
Pourquoi douter ? Sa poitrine se soulevait.
Un matin, elle s'était réveillée et n'avait trouvé personne. Ils dormaient. Tous. Leur vie s'était interrompue mais la sienne continuait, encore et encore, interminablement. Elle vivait maintenant depuis tellement longtemps qu'elle ne se souvenait plus d'aucun matin avant celui où l'humanité avait fermé pour toujours ses yeux sur la lumière.
Depuis plusieurs années, sa vie était devenue particulièrement insupportable, à cause de cette odeur. Une odeur de mort, de chair putréfiée et de corps en décomposition. Cependant, sa mémoire lui disait qu'il n'en avait pas toujours été ainsi. Quand elle visitait les villes, ses habitants dormaient. Leur poitrine se soulevait doucement au rythme de leur respiration.
Elle rentra dans une maison, et s'approcha d'un homme endormi sur son canapé. Elle prit sa main et, le pressant légèrement, dit :"Monsieur ! Allez, monsieur, réveille-toi !". Elle serra la main un peu plus fort. Un doigt tomba, le peu de chair décomposé qui y restait encore se détacha de l'os. L'horreur et le dégoût. Elle regarda alors fixement la poitrine de l'homme. Oui, elle se soulevait. Il respirait donc. Elle n'entendait pas son souffle mais il vivait forcément: sa poitrine se soulevait ! Elle en était certaine! Il fallait qu'elle y croit, elle n'avait pas d'autre choix que d'y croire. Sinon, ce serait trop horrible ; elle deviendrait folle. Si son monde endormi était mort... cela signifierait... personne ne se réveillerait jamais... elle serait alors...
Mais pourquoi s'en faire? Pourquoi penser ce genre d'horreur, puisqu'il respirait encore? Le sommeil devait apporter aux endormis tout ce dont leur corps avait besoin pour survivre, telle était la seule explication.
Pourquoi douter ? Sa poitrine se soulevait.