Cruauté

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Il n'était qu'un pantin, un bouffon, qu'une petite marionnette au visage peint sur une bille de bois grossier. Mais ses yeux larmoyants de clown ne la quittaient pas des yeux. Quelle était belle, cette ravissante poupée de porcelaine ! Là-bas, loin, à l'autre bout de la chambre, inaccessible à ses membres dirigés par quelques fils usés. Elle était assise, ravissante et hautaine sur son coussin d'or. Jamais il n'avait pu croiser le regard de ses yeux de verre. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'admirer leur éclat brillant. Comme il l'aimait, cette jolie créature à la peau nacrée !


Aujourd'hui, les enfants venaient jouer. Elle aurait encore une migraine ce soir. Elle était bien trop belle pour que les enfants osent s'en prendre à elle mais elle devrait tout de même en supporter le bruit. Pauvre pantin ! Comme elle le plaignait ! Lui si pitoyable, si ridicule dans ses loques décolorées et rongées par les mites, bosselé et tordu qu'il était par ces gamins bruyants. Il était bien laid avec ses yeux tristes et son sourire dessiné au rouge. Tellement laid que c'en devenait méprisable. Elle ne devait pas trop le regarder sans quoi ses yeux perdraient de leur brillant, abimés par sa difformité. Quoiqu'une telle disgrâce ne pouvait que mettre en valeur la délicatesse des rubans soigneusement agencés autour de son visage parfait.


Il passait de main en main, subissait tiraillements et taillades, sentait son bois se fendre, ses vêtements se déchirer, il ne voyait plus rien ; mais où était-il ? Où était-elle ? Où donc était sa bien-aimée, sa douce poupée toute de perles et de dentelles ? Il sentit sa tête tomber, tomber, et quand elle toucha le sol ses yeux la trouvèrent enfin, toujours sublime et intouchable, ses lèvres en pétales de roses et sa peau à la pâleur transparente. Il la vit rester stoïque alors que les enfants faisaient tomber l'étagère sur laquelle elle reposait. Et quand sa joue de porcelaine éclata sur le sol, il ne put que saluer le courage de cette divine créature qui continuait de lui refuser la moindre attention. Qu'elle était devenue horrible ! L'un de ses yeux s'était déchaussé et on voyait à l'intérieur de son crâne l'armature de métal qui lui tenait lieu de squelette. Il éprouva alors une immense joie. Qui d'autre que lui pourrait encore aimer cette princesse déshéritée ? Elle mettrait du temps à l'accepter mais il le savait, ça allait être une belle histoire d'amour que celle de la poupée brisée et du pantin cassé.

Publié dans Il était une fois

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T
Pq? Pq qd on lit ceci on a l'impression de voir sa société? pq forcément le beau ac le beau méprisant le reste? pq le moche ac le moche restant tjs inférieur aux autres?<br /> pq le malheur des uns fait le bonheur des autres?pq on ne peut pas ts être heureux?<br /> <br /> (moments des questions existencielles...hem veuillez m'excuser^^")
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<br /> O_ô<br /> <br /> <br />